L’apparition des frontières

L’apparition des frontières

De nos jours, les frontières sont des limites claires entre deux pays. Parfois avec péages et contrôles, d’autres fois avec des gardes ou des militaires pour empêcher le peuple d’entrer ou de sortir. Elles peuvent être fermées ou grandes ouvertes. Elles peuvent être traversées. Elles sont fluctuantes également. Elles ont été là toute notre vie. Les questions que nous pouvons nous poser sont les suivantes : quand et comment sont-elles apparues ?

Les premières limites sont celles de l’Empire

La première apparition de frontières qui a été découverte vient de l’Empire Romain avec les limes, des murs physiques. Ces délimitations n’étaient pas uniquement pour marquer leur territoire mais étaient également des endroits stratégiques. Elles étaient utilisées comme point de départ pour de futurs assauts sur leurs ennemis. Des camps militaires y étaient installés avec des champs pour nourrir les soldats.

Lime romaine
Photo d’une lime Romaine – de Archéothéma n°13, Mars 2011

Cependant il y a une différence fondamentale avec nos frontières actuelles. Elles étaient fixées uniquement par l’Empire et ne résultaient pas d’un accord avec ses voisins.

Un monde sans frontières

Le concept de frontières implémenté par les Romains disparut en même que leur Empire, ceci pendant des centaines d’années.

Durant la féodalité, en Europe, il n’y avait pas de frontières, pas de démarcation entre les Seigneurs. Cela vient du fait que, pour eux, le pouvoir s’applique sur le peuple et non sur les terres. La fidélité des vassaux est pour leur dirigeant sans tenir compte du territoire. En effet, ce facteur varie énormément en fonction des conquêtes donc aucune dévotion fiable ne peut être placé sur les terres.

Cartes, États et frontières

Ce point de vue est remis en question avec l’avènement des monarques durant la fin du Moyen Âge. Ils commencent à créer des administrations et des prémisses d’entités qui deviendront des États. Cela sera concrétisé en 1648 avec le Traité de Westphalie [1] organisant l’Europe comme un ensemble d’États avec des frontières pour maintenir la paix. Ces frontières seront renforcées avec le début de la cartographie et les limites claires de chaque État dessinées sur les cartes.

Cependant, même si le peuple commence à s’identifier comme appartenant à un tout défini par le territoire et pas uniquement les dirigeants, il fait attendre François 1er pour avoir le premier indice d’une identité national et territorial lorsqu’il impose la langue française dans son royaume.

Cette identité va s’épanouir lors de la Révolution française, quand les citoyens vont s’approprier les frontières ainsi qu’avec des valeurs patriotiques. Cela va mener à une déclaration : la France restera dans son frontières telles qu’elles sont reconnues par les États voisins.

Une ligne changeante

Même si les frontières sont nés avec l’idée de paix, elles évoluent en fonction des conquêtes, des guerres et des négociations des monarques. Ils ne reflètent pas les limites entre les différentes cultures ou langues.

Des empires d’Europe, les nationalités vont émerger à la suite de révolutions, comme en France. Il y a l’exemple de l’Italie et de la Hongrie alors dirigé par l’Autriche, de l’Allemagne qui se construit autour de la Prusse.

Les frontaliers

Il y a ensuite le cas des États Africains dont les frontières ont été dessinées en 1885 lors de la Conférence de Berlin [2]. Ici, les frontières ne sont pas juste géopolitiques comme voulu par le Traité de Westphalie. En effet, cela a mené à de nombreux échanges légaux et illégaux entre les pays, parfois au niveau des frontières. Cela résulte de l’ajustement des frontaliers pour s’adapter à cette nouvelle situation sociale et économique.

Ce comportement spécifique des frontaliers n’est pas exclusif aux pays Africains. Il n’y a pas de doutes que vivre si proche d’une frontière, d’un autre pays, d’une autre culture, résulte en des changements et des adaptations pour les habitants.

La frontière entre la Finlande et la Russie, par exemple, a été étudié avec la situation dans la ville de Värtsilä (Finlande) [3]. Dans cette ville frontalière, les pratiques institutionnelles se produisent à des échelles spatiales différentes sans vraiment de distinction claire entre les opérations globales et locales d’un côté de la frontière à l’autre.

Un autre exemple, le cas de l’Allemagne, et plus spécifiquement de Berlin, sera approfondi dans un autre article ultérieurement.

De lignes définies à une délimitation floue

Cependant, le concept de frontière change depuis les vingt dernières années. Plusieurs facteurs sont pris en considération pour appuyer cette théorie [4].

Tout d’abord, la suppression des frontières dans l’Espace de Schengen en Europe, autorisant les citoyens Européens à bouger librement vers les autres pays. Ceci est accompagné par l’accès facilité à des moyens de transport à large échelle avec les compagnies aériennes moins chères, améliorant la mobilité.

Puis, il y a le clivage de plus en plus important entre les pays riches et les pays en développement. De nouvelles différences culturelles ou linguistiques émergent.

Pour terminer, internet abroge les frontières en donnant la possibilité à tout le monde d’accéder au monde entier à partir d’un ordinateur ou d’un téléphone portable, unifiant les gens peu importe où ils sont sur Terre.

Les frontières ont été faites pour nous séparer, pour nous protéger. Elles nous ont aidé à construire notre appartenance à une nation. Mais elles changent lentement et elles ne sont plus aussi évidentes. Une chose est sure, les frontières d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain.

Références

[1] Westphalie Treaty. http://www.pax-westphalica.de/ipmipo/indexfr.html

[2] De Bli, Harm J. « Geography: Realms, Regions, and Concepts. » Peter O. Muller, Jan Nijman, 16th Edition, Wiley, November 25, 2013. ISBN: 978-1-119-30189-9

[3] Paasi A. – Territories, boundaries and consciouness. The changing geographies of the finish-russian border, Chischester, Editions Wiley, 1996. ISBN: 978-0-471-96119-2

[4] Bromberger C., Morel A. – Limites floues, frontières vives, Paris, Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2001. doi:10.4000/books.editionsmsh.2898

J.-P. Bois. La naissance historique des frontières, de la féodalité aux nationalités.

H. Velasco-Graciet. La frontière, discontinuités et dynamiques; Des frontières et des géographes. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/frontier/FrontScient.htm

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Une réponse

  1. […] raison a déjà été donne dans l’article précédent [3]. Une nation existe telle une entité à laquelle les gens appartiennent. Ainsi, lorsqu’un […]

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